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Marathon de Paris 2020 - 2 h 48 - Récit de course - Denis Lapalus, alias El Tocardo - Récits de courses à pied

Parcours du marathon de Paris 2020

Marathon de Paris 2020 - 2 h 48 - Récit de course

Ce jour, le 5 avril 2020 se courait le marathon de Paris 2020. Un marathon exceptionnel, compte-tenu des circonstances. Peu de coureurs au départ. Aucun spectateur. Les rues de Paris étaient désertes ce matin, et pourtant la météo était idéale. Un 42 km bouclé avec un record personnel à la clé (2h48), sans ravitos, ni crampe, ni courbature. Récit de course.

Publié le , mis à jour le

Veille de course, la tension est à son comble

Le repas de la veille fut largement arrosé. Depuis le début de ce confinement, notre façon d’aborder les repas est méthodique, voire mécanique. Puisque la faucheuse nous attend au tournant, nous attaquons la cave rangée par rangée, en ligne droite, sans nous soucier des précieux accords mets/vins. On s’en fout ! Nous avons fini les grands crus de la première rangée des rouges, non sans mal. Boire des Carillons d’Angélus de 2011, valeur commerciale 350€, avec de la purée jambon ou des œufs au plat, jamais je n’aurais cru pouvoir le faire. Et bien rassurez-vous, cela ne les vaut pas. Ces vins sont excellents, mais ne valent pas ces prix-là !
Ce soir, manque de chance, nous entamons une nouvelle ligne. Nous sommes tombés sur un blanc, un Puligny-Montrachet de 2007. J’aurais préféré un rouge, pour le tanin, et son apport pour la circulation sanguine théorique avant la course. J’aime à croire en ces choses. Mais c’est le jeu. Je me plie aux règles. Et bien une bonne surprise. Un excellent vin ! Son prix est de 150€ sur les sites de ventes de vin en ligne, cela mes mérite largement, car accompagné de coquillettes complètes, c’est top. Fort heureusement, le reste d’emmental a su accorder tout cela. C’est bon le confinement. Demain, c’est le marathon de Paris. J’aurais du le courir avec ma fille Melissa, mais bon, avec les règles actuelles, pas possible. Pas grave, une autre fois.

Levé à 5 heures du mat

Je pars de chez moi la peur au ventre. Comme avant chaque marathon. Vais-je arriver à tenir ces 42 bornes du marathon de Paris ? Je suis pourtant rompu à ces distances, mais la peur reste perceptible. Par ailleurs, le manque d’entraînement de ces dernières semaines pourrait me jouer des tours. Mais bon, le marathon c’est dans la tête, tentais-je de me persuader. Première surprise. Le RER est désert. Je n’ai pas pu récupérer mon dossard, pas trop grave. Je me doute bien que tout le monde n’aura pas le sien, compte-tenu de ces circonstances particulières.

Sas de départ

Première surprise, sur le lieu de départ, pas de consigne, pas de stands, rien ! Incroyable ! Pourtant quelques coureurs sont là ! Je vois un copain du club, déjà prêt à en découdre. Il me demande si je vais bien, j’ai l’air bizarre selon lui. Je lui avoue avoir abuser de vin blanc la veille... Mais bon, c’est souvent dans ces conditions que l’on réalise ses meilleurs chronos. Je lui demande où sont les consignes, il me fait un signe vers ce petit groupe d’arbres, je ne les ai pas trouvées, j’ai posé mes affaires le long, cela ne risque rien, avec le confinement, personne ne sort. C’est vrai pensais-je, courir ce marathon de Paris, sans ce public si chaleureux, cela va être étrange. Bon, je fais comme toi. Je me déleste des mes affaires, fixe ma ceinture porte-gels, ma gourde, et hop hop hop... En petite foulée, direction les champs-elysées pour le départ. Nouvelle surprise. Je croise Karine Le Marchand, la présentatrice de L’amour est dans le Pré, toute équipée et visiblement prête à courir. Elle me reconnaît, incroyable ! "Bon marathon Tocardo !" me lance-t-elle ! Devant répondre rapidement pour qu’elle puisse encore m’entendre, nous étions en petites foulées, je lui lance à mon tour un "Merci, Karine ! " décevant. J’aurais aimé répondre quelque chose de moins classique, plus intelligent, ou humoristique, mais rien ne m’est venu à l’esprit. Je m’en veux un peu. Mais bon, je dois me concentrer sur mon marathon. Je ne sais si je vais réaliser une bonne course, mais ma journée est déjà gagnée, pensais-je. Direction le sas des préférentiels du marathon de Paris, souvenirs, souvenirs..., juste derrière les pros et les élites, c’est là que l’aspiration est la plus forte, malgré leurs p’tits gabarits. Avec ce confinement, j’en suis déjà à +10kg sur mon poids de forme... Mais bon.

Un départ trop rapide

Réveille-toi Tocardo !

Cette année, je n’ai pas vu le temps passé dans les sas d’attente. Le départ est directement donné. Comme de mauvaises habitudes, je pars trop rapidement, 15,5 km/h. L’excitation de ce départ hors du commun. Au bout du 3e km, je sens le premier manque de souffle, va falloir ralentir, ou déposer un poumon sur le trottoir. Les rues sont désertes, mon pote court toujours à mes côtés. Nos runnings claquent sur les pavés. Bizarrement quelquefois mes appuis se dérobent, comme si les pavés étaient mous. Je ne m’inquiète pas plus que de raison. Le soleil est radieux et les oiseaux chantent, pour de vrai. Nous pouvons les entendre. Je sens la première goutte de sueur couler sur ma tempe... Je sens le vent sur mon visage, comme des petites claques, d’un côté en particulier.

Parmi les premiers !

Je relève la tête, devant nous, pas grand monde. Je lance à mon collègue d’infortune : "mais c’est moi où nous sommes les premiers ?" Il me répond, "Ben ouais mon gars, t’as vu comme on envoie, du lourd mon gars du très lourd."

A l’écoute des ces mots, j’en remet une couche, le 4e kilo sera torché en 3 min 40 secondes. Et bim.. Je continue ainsi jusqu’au 1er ravito. Mais au 5 e kilo je m’aperçoit que je pourrais pas jouer cette année au basket en balançant les petites bouteilles d’eau dans les poubelles. Dommage. L’an dernier j’avais totalisé 46 points ainsi ! Dont 2 tirs réussis à 3 points ! Mon pote me le confirme... "Nan, t’as raison, doit pas y avoir de ravito cette année." Ouj, j’ai bien fait, pour une fois de prendre une gourde avec moi ! Les km défilent, je sens la fatigue, mais je ne regarde surtout pas ma montre. Je me lance un défi, ne pas regarder avant le passage au semi.

1 h 22 au semi !

Mon pote me lance un grand : "et hop là on est au semi mec ! ". je regarde ma montre 1h22, putain, mon record perso lui lançais-je. Et nous continuons sur notre lancée, ces quais remontant le long de la seine sont interminables, mais nous sentons que l’air est frais et de bonne qualité, bien qu’il fasse bien chaud pour courir. Pas encore habitués à ces températures. Nous passons ce long tunnel, difficile, on n’y voit presque rien. Et la petite grimpette en sortie de tunnel me fait sentir mes quadris, ça y est, je commence à être dans le dur. L’heure des braves va bientôt sonner... Les km s’enchaînent. Paris est désert, et aucun coureur n’est derrière nous, c’est juste incroyable. Nous sommes en super forme.

40e borne !

Mon pote ralentit. "Qu’est-ce qui t’arrive ?" Une putain de crampe, putain, fais chier ! Je vais m’arrêter une ou deux minutes, continue toi, tu vas faire un super chrono, et pourquoi pas, gagner le marathon de Paris ! A ces mots des frissons me recouvrent tout le corps. J’accélère. 2 km je peux tenir ! Let’s go ! Je me focalise sur mes foulées, les plus grandes possibles, et puis je varie pendant 100m, des petites et de nouveau des grandes, ne pas avoir de crampes, non pas maintenant... J’enchaîne encore 2 virages et la gloire est au beau. Côté chrono j’en suis à 2h44, reste 1 km ! Putain !

Et c’est l’arrivée !

Tocardo est content d’arriver

Les bras en l’air je passe la ligne d’arrivée. Et bim. Une violente douleur dans bas du dos. Des hurlements dans la foule, pourtant que je ne la vois pas. Il fait nuit ! Je me retourne, et entends très distinctement dans mon oreille gauche un hurlement : "Putain, tu fais chier à faire du vélo toute la nuit dans le lit, tocard ! T’arrêtes pas de me taper avec tes pieds et tes genoux... Va faire du vélo ailleurs abruti ! Et arrêtes de me demander une médaille ! Quelle médaille ? Tu délires !". Je me réveille, dégoulinant de sueur, donc sous les encouragements de mon épouse, il était 2h48.

Fatigué comme si je l’avais réellement couru, je marchais le lendemain comme un mort vivant, tenaillé par les courbatures. Quand on vous dit qu’un marathon c’est en grande partie dans la tête...

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